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  Un désert, des hommes, des montagnes

Magie d’une rencontre

La longue frange océanique donne à ce désert une place particulière dans l’écharpe des zones arides de l’hémisphère nord. Terre d’élection de Théodore Monod et de Odette du Puigaudeau, ce pays, immense terre désertique, s’élance vers l’ouest pour noyer ses vagues de sable dans celles de l’Océan. L’alizé continental souffle son air sec vers la côte et limite l’influence de l’Atlantique vers l’intérieur à une étroite bande littorale. Une large part du territoire mauritanien figure parmi les plus désertiques du monde. Les rares puits, en général très profonds, conditionnent la vie et ont été un véritable enjeu lors de la pénétration française au début du 20ème siècle.

La Mauritanie – Données générales
République islamique de Mauritanie
Capitale : Nouakchott
Chef de l’état : Colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya (Président, depuis 1984)
Population : 2 747 312 hab.
Superficie : 1 030 700 km².
Langue officielle : arabe ; Français
Monnaie : Ouguyia (MRO)

La population mauritanienne
Pour une superficie de 1.036.000 Km², la Mauritanie compte environ deux millions et demi d'habitants. C'est un pays multi-éthnique, arabo-berbère au nord et négro-africain au sud. Mais, étant donné qu'au cours de son histoire, de nombreux métissages ont eu lieu, la séparation entre les deux groupes n'est pas très nette.
Le groupe arabo-berbère est constitué par les Maures qui se veulent, pour beaucoup, d'origine arabe pure, mais qui ont pratiquement tous un peu de sang berbère. Ils sont appelés Bidanes, les Blancs, mais des tribus noires d'anciens esclaves affranchis se désignent aussi Bidanes ! Au groupe Bidane, dont les classes dominantes sont les tribus guerrières et maraboutiques, il faut rattacher les tributaires d'origine, les affranchis noirs ou haratins et les serviteurs noirs ou abid. Citons encore, appartenant à cette société, deux groupes à part, les Imraguen, pêcheurs de la Côte Atlantique, et les Nemadi, en voie d'extinction, anciens chasseurs d'addax (cette chasse se pratiquait aux chiens et à la lance). Se rattachent aussi aux Bidanes, les artisans ou Mallmin, et les griots ou Iggawan.
Le groupe négro-africain est dominant dans le sud, le long de la rive droite du fleuve Sénégal. Les ethnies sont nombreuses : Toucouleur, Peul, Soninké, Ouoloff. Une minorité Bambara réside dans la région de Néma, au sud-est du pays.

Le nomadisme
La Mauritanie est un vaste carrefour climatique, qui enrichit la flore la faune, mais aussi les modes de vie et les ethnies. Au sud dominent les populations noires, l’élevage des bovins et du petit bétail, sur un mode plus ou moins sédentaire ; au centre et au nord, les populations d’origine arabo-berbères, conduisent de pâturages en pâturages, leurs troupeaux de chameaux que l’on compte parfois par milliers. Leurs migrations pendulaires sont imposées par l’alternance des saisons, la pluie tombant l’hiver au nord, l’été au sud. Parmi les derniers grands nomades de la planète, leurs déplacements les mènent parfois du sud marocain au Hodh, soit plus de mille kilomètres. Depuis les années 70, la part de population nomade a fortement diminuée.

Massifs de l’Adrar et du Tagant
De vastes plaines couvrent l’essentiel du pays. Au centre du pays les reliefs, longue bande nord-sud, coupent la route de l’Harmattan qui souffle une partie de l’année, le forçant à déposer les sables qu’il transporte, sur plusieurs milliers de kilomètres, depuis l’Algérie. Ainsi l’Adrar est-il envahi par les ergs Warâne et Maghteir ; le Tagant lui, présente une infinie variété de mélanges de sables et de roches. Tagant et Adrar, si le pâturage le permet, abritent de nombreux campements avec leurs troupeaux de chèvres, de moutons, de chamelles et parfois de quelques bovins.

Le Tagant
"Est une terre de contrastes : Sahel et Sahara". C'est une région montagneuse située au centre de la Mauritanie, à 400 Km à vol d'oiseau de la ville de Nouakchott, située elle-même au bord de l'Atlantique. La véritable prononciation, celle des autochtones, est d'ailleurs : Taganet.
"D'après certains Maures lettrés, Tagant, habituellement traduit par Petite-Forêt, serait en réalité la forme berbère de Ghana. Ainsi le Tagant serait la dernière province portant encore le nom de l'ancien empire que les Noirs appellent Ganata et les Arabes Ghânat". Tagant. Odette de Puigaudeau. Editions Phébus, 1993.
Les plateaux du Tagant, de l'Adrâr et de l'Assaba, au sud, constituent le Pays de la Pierre, Trab El Hajra, en opposition aux régions de sable qui les entourent. Moins compacte que l'Adrar, la Tagant est formé d'un ensemble de plateaux gréseux de 100 à 450 m d'altitude, plus élevés dans le sud du massif, et séparés les uns des autres par des vallées en gorge ou largement ouvertes, dans lesquelles sont établies de petites oasis avec leurs palmeraies.
Trois grands oueds et leurs affluents drainent l'ensemble de la région. Au nord-ouest, l'oued El Abiod. A l'est, l'oued Tidjikja qui est appelé, plus bas, oued Rachid. Au centre, d'est en ouest, le Kra'a Naga, la rivière de la Chamelle, qui prend elle aussi, en aval, un autre nom et devient Tamourt Naâj.
Plusieurs tribus nomades se partagent le Tagant. Les principales sont les Ida Ou Aïch, partout sur le plateau et sur ses marches, les Kounta dont font partie nos guides et chameliers, les Ida Ou Ali, les Ahel Sidi Mahmoud, les Idei Bou Sat et les Tadjakant.

L'Adrar
En venant de l’ouest, après avoir franchi les regs infinis soulignés de ruban de sable de l’Inchiri, puis les massifs épars de l’Amsaga, l’Adrar se singularise par de hautes falaises abruptes qui s’étalent entre la Kediet ej Jill, au nord, jusqu’à la dépression du Khatt méridional, au sud, sur près de 600 km. La série de plateaux gréseux (grès quartziques) appartient à l’extrémité sud-ouest du bassin d’Arawane-Taoudeni. A l’est le plateau se perd sous les puissantes dunes de la Maghteir et du Wârane. Ces deux ergs immenses sont la continuité occidentale de l’Erg Chech qui prend sa source aux confins sud-ouest du Grand Erg Occidental, en Algérie, et ils terminent leurs courses dans l’Océan Atlantique en ayant encore une fois changé de nom : l’Akchar et l’Amatlich. Ces ensembles dunaires font partie des grands massifs de dunes qui se développent en croissant sur toute la partie nord-ouest de l’Afrique saharienne.
La partie occidentale de l’Adrar est constituée de larges failles d’origine tectonique, entaillant les plateaux, empruntées par un important réseau hydrographique. De multiples palmeraies et villages sédentaires jalonnent les bordures d’oueds. La phéniciculture (palmiers-dattiers) et le maraîchage sont les principales activités des tribus maures vivant sur place. Le Sahara y est généreux. L’élevage de caprins est aussi très présent. Vivant sous tente sur les austères plateaux environnants, les nomades sont éleveurs de chameaux. La complémentarité entre les groupes nomades et les sédentaires prend ici toute sa force.
Les principales tribus que nous rencontrons sur la partie occidentale de l’Adrâr sont l’importante Oulad Gheilan, les Smacides, les Ideichili, les Chorfa et les Oulad Akchar.

La faune mauritanienne
Dans le Tagant ainsi qu’en Adrar, la faune est importante, bien que souvent nocturne.
Carnivores : guépards, hyènes rayées, chacals (dont on entend souvent le glapissement au cours de la nuit), renards, fennecs, chats sauvages (Felis sylvestris).
Rongeurs :, lièvres, écureuils, goundis, gerboises et gerbilles. Et leurs voisins les damans.
Animaux divers : porcs-épics (Hystrix cristata), hérissons, babouins (papio cynocephalus) et singes rouges (Erythrocebus patas)
Les gazelles (Gazella dorcas) sont rares dans les diverses régions du Tagant car elles sont décimées par la chasse. On remarque de temps en temps leurs traces (région de dunes entre l'oued El Khatt et les massifs montagneux de Haroûch et de Tamassoumit). Plus présentes au nord-est de l’Adrar, elles restent toutefois très difficiles à observer.
L’addax (Addax nasomaculatus), qui a été la victime des grandes sécheresses et de la guerre au Sahara Occidental (Front Polisario), commence progressivement à repeupler les immensités silencieuses de la Majabat Al Koubra, à l’extrême est de l’Adrar.
Reptiles : couleuvres diverses (Moïla et Schokari), vipères (Vipera cerastes, vipère des sables et Cerastes cerastes, vipère à cornes, Echis leucogaster, serpent-minute), lézards divers dont de nombreux dhobs (Uromastix) et agames.
Les scorpions sont fréquents, surtout aux périodes chaudes.
Les oiseaux sont particulièrement abondants : corbeaux, vautours, hiboux, tourterelles, pigeons, ainsi qu'un grand nombre d'oiseaux plus petits, au plumage souvent très coloré. En automne et au printemps, les passages d’oiseaux migrateurs peuvent être très importants (Cigognes, diverses tourterelles, multitudes de rapaces ainsi que d’innombrables passereaux...).
Certaines gueltas abritent des poissons comme le silure ou poisson-chat. Quelques-unes, plus importantes, telle celle de Matmata, dans le sud-ouest du Tagant, cachent encore quelques crocodiles.

La flore sahélienne et saharienne
La flore mauritanienne est abondante : umm rokba (Panicum turgidum), sbot (Aristida pungens), girgir (Schouwia purpurea), initi ou cram-cram (Cenchrus biflorus) est une graminée aux petits épis piquent terriblement que nous rencontrons essentiellement dans le Tagant, tadaresa (Tribulus), tamachal, akchit, talebat, tigingilit (plante à petites fleurs rouges), coloquintes, ainsi qu'une autre graminée, tinesmert (Tragus racemosus), dont les épillets munis d'aiguillons crochus s'accrochent avec insistance aux lacets, au bas du pantalon et aux chaussettes !
Les arbres sont nombreux, particulièrement dans les vallées : teïchot (Balanites aegyptiaca) aux puissantes épines, atil (Maerua crassifolia), Ifernâne (Euphorbia balsamifera) ou Figuier d'Enfer, au lait abondant, sder (Ziziphus lotus et mauritania), les jujubiers, turjât (Calotropis procera) ou Pommier de Sodome, sans oublier bien entendu, des acacias variés dont talha (Acacia raddiana), tamat (Acacia seyal) et amoûr (Acacia arabica). Un arbuste possède des fleurs particulièrement odoriférantes, c'est eisine (Boscia senegalensis).