Royal Belgian Institute of Natural Sciences
Section of Conservation Biology
Annotated List of the Mammals of the Brussels Region.
Appendix 3: Species data sheets

Murin à moustaches
Myotis mystacinus

Ordre
Chiroptères (sous ordre des microchiroptères)

Famille
Vespertilionidés

Taille
Espèce de petite taille, proche de celle de Pipistrellus pipistrellus ou de P. nathusii, tête et corps 35 à 48 mm, avant-bras 30 à 38 mm, oreilles 12 à 17 mm, envergure 190 à 225 mm (Saint Girons, 1973; Horacek, 1986; Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995; Zingg et Burkhard, 1995; van der Coelen et Verheggen, 1997).

Poids
3 à 8 g (Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995; Zingg et Burkhard, 1995; van der Coelen et Verheggen, 1997).

Formule dentaire
2/3 Incisives, 1/1 Canines, 3/3 Prémolaires, 3/3 Molaires

Description
Fourrure longue, quelque peu hirsute, base des poils gris foncé. Pelage dorsal variable, brun foncé à gris brun et plus rarement brun clair, avec des extrémités dorées aux longs poils de jarre. Pelage ventral gris foncé à gris clair. Oreilles échancrées au bord externe avec un tragus long et pointu, dépassant l'échancrure, droit ou concave au bord postérieur. Museau, oreilles et patagium brun noir, sans éclaircissement à la base du tragus ou au bord interne de l'oreille. Juvéniles plus sombres (Saint Girons, 1973; Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995; Zingg et Burkhard, 1995; van der Coelen et Verheggen, 1997).

Comportement de chasse
Myotis mystacinus émerge tôt, environ 5 à 20 minutes après le coucher du soleil. Il est difficile ou impossible à séparer de Myotis brandti par l’apparence en vol et les émissions ultrasonores de sorte qu'une partie des observations qui lui sont rapportées pourraient concerner l'autre espèce. Il semble toutefois que Myotis mystacinus chasse le plus souvent à faible hauteur, 0.2, 0.4, 1 ou 1.5 mètres à 3, 4.5 ou 6 mètres, sous le couvert des arbres, souvent le long de chemins, au bord de l’eau, le long des lisières. Il patrouille en longs cercles ou trajets rectilignes, d'un vol relativement lent et régulier, s'écartant de sa trajectoire juste avant de capturer une proie; son vol comprend des glissades en vol plané, rappelant le papillon nymphalide Inachis io (Richardson, 1985; Schilling et al., 1986; Lange et al., 1986; Schober et Grimmberger, 1991; Ahlén, 1991; Jones, 1991a; Macdonald et Barrett, 1993; Barataud, 1993; Lange et al., 1994; Kapteyn, 1995; Tupinier, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997; obs. pers.). Il chasse souvent longuement dans un espace restreint (Barataud, 1993).

Régime alimentaire
Les tipulidés semblent constituer le groupe le plus important dans le régime alimentaire; bien représentés aussi sont les diptères brachycères, les araignées à orbe, les papillons de nuit, les trichoptères, les chironomides, les anisopodidés, culicidés et mycétophilidés, les hémérobiidés, les pucerons, les coléoptères, les hétéroptères, les plécoptères, les éphémères, mais aussi diptères diurnes, araignées et insectes qui suggèrent qu'une partie des prises se fait dans le feuillage (Schober et Grimmberger, 1991; Taake, 1992; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995; van der Coelen et Verheggen, 1997).

Ultrasons
Les signaux de Myotis mystacinus sont caractéristiques du genre Myotis, en fréquence modulée abrupte, donnant sur les détecteurs une signature sèche, explosive, caractéristiquement de rythme régulier, monotone, (Ahlén, 1981, 1990; Macdonald et Barrett, 1993; Lange et al., 1994; Kapteyn, 1995; Barataud, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997), relativement rapide, plus rapide que celui de M. daubentoni, moins que celui de M. nattereri ou M. bechsteini (Barataud, 1996). La cadence est de l’ordre de 10 à 11 émissions par seconde en vol normal à découvert (Ahlén, 1981, 1990; Lange et al., 1986; Schober et Grimmberger, 1991; Lange et al., 1994; Tupinier, 1996). Le maximum d’énergie est habituellement noté vers 45 kHz (Ahlén, 1981, 1990; Lange et al., 1986; Schober et Grimmberger, 1991; Lange et al., 1994; Kapteyn, 1995; Tupinier, 1996; Barataud, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997); certains auteurs le situent vers 50-53 kHz (Richardson, 1985; Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Tupinier, 1996; Barataud, 1993, 1996) ou 60 kHz (Richardson, 1985; Macdonald et Barrett, 1993). La bande de détectabilité paraît comprise entre 30 kHz et 75 kHz (Lange et al., 1986; Schober et Grimmberger, 1991; Lange et al., 1994; Kapteyn, 1995; Tupinier, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997); une limite inférieure moins basse est proposée par des auteurs britanniques, à 40 kHz (Macdonald et Barrett, 1993) ou 45 kHz (Richardson, 1985), avec une limite supérieure légèrement plus élevée, à 80 kHz (Richardson, 1985; Lange et al., 1986; Macdonald et Barrett, 1993).

Reproduction
Une portée d'un jeune par an. Colonies de reproduction formées de 20 à 100 femelles. Colonies formées en mai. Mise bas à partir du milieu de juin. Envol des jeunes de mi-juillet à fin juillet (Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Zingg et Burkhard, 1995; Kapteyn, 1995; van der Coelen et Verheggen, 1997).

Gîtes d'estivage
Les colonies de reproduction et les individus solitaires en estivage s'installent dans des arbres creux, des crevasses de l'écorce, des nichoirs ou des bâtiments. Dans ces derniers ils occupent généralement des endroits resserrés, entre les chevrons, entre les ardoises, les tuiles et le lambrissage, dans les fentes des murs, derrière les volets et des revêtements de façades. Le Murin à moustaches partage parfois le gîte avec d’autres espèces, en particulier le Murin de Brandt, les pipistrelles, les oreillards (Limpens et Bongers, 1991; Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Zingg et Burkhard, 1995; Kapteyn, 1995; Beudels et Fairon, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997). Des gîtes de fin d'été très peuplés existent dans le milieu souterrain (Kiefer et al., 1994).

Gîtes d'hivernage
Les gîtes d'hivernage connus se situent dans le milieu souterrain, grottes, galeries de mines, dont l'espèce préfère les zones fraîches, avec des températures de 2 à 8°C et un degré d'humidité de l'ordre de 85%, et utilise surtout, isolément ou en petits groupes, les fissures et anfractuosités (Jones, 1991b; Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Zingg et Burkhard, 1995; Kapteyn, 1995; Beudels et Fairon, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997). Les nombres sont généralement faibles, et le rapport des sexes biaisé en faveur des mâles (62%), ce qui suggère qu'il existe d'autres types de gîtes d'hivernage, encore inconnus (Macdonald et Barrett, 1993).

Déplacements
Les distances entre quartiers d'été et quartiers d'hiver sont généralement relativement faibles, au plus de 25 à 40 km. La plus grande distance enregistrée en Europe occidentale est de 240 km (Kapteyn, 1995). Plus à l'est, une reprise en Bulgarie d'un murin bagué en Russie représente un déplacement de près de 2000 km (Kapteyn, 1995), mais se rapporte probablement à une autre espèce, Myotis przewalskii (Zingg et Burkhard, 1995).

Longévité
Longévité maximale enregistrée: 24 ans (Kapteyn, 1995). Longévité moyenne: 3.5 à 4 ans (Schober et Grimmberger, 1991; Macdonald et Barrett, 1993).

Répartition en Europe
Le Murin à moustaches est une chauve-souris largement répandue aux latitudes moyennes d'Europe occidentale et centrale, du sud de la Fenno-Scandie aux systèmes montagneux du nord de l'Espagne et au sud de l'Italie, avec un centre d’abondance en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne; son aire s'étend jusqu'à l'Afrique du Nord méditerranéenne et présaharienne (Stebbings, 1988; Benzal et al., 1991; Aulagnier, 1991; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995).

Répartition en Belgique et dans les régions limitrophes
Le Murin à moustaches est très généralement distribué en Belgique. En Région flamande, il chasse l'été dans les grands domaines boisés et est une des espèces les plus fréquemment trouvées en hivernage (Lefevre et Van Cakenberghe, 1991; Voet, 1991a; Criel et al., 1994; Lefevre, 1996). Il est présent dans presque toute la Wallonie; les données se concentrent en Condroz, en Fagne-Famenne, en Basse-Meuse, en Ardenne méridionale, en Lorraine, mais cette distribution reflète sans doute principalement les efforts de prospection, limités aux gîtes, principalement hivernaux. (Fairon et al., 1982; Fairon, 1999). Il est répandu aux Pays-Bas, particulièrement dans l'est du pays, avec une population estivale estimée à 2500 à 4000 adultes (van der Coelen et Verheggen, 1997), en France (Fairon et Coppa, 1988; Duquet et Maurin, 1992), en Allemagne (Weishaar, 1998).

Répartition en Région de Bruxelles-Capitale
Le Murin à moustaches est bien représenté en Région de Bruxelles-Capitale, particulièrement au voisinage de la Forêt de Soignes (Devillers et Devillers-Terschuren, 1997, 1998). Les collections de l’IRSNB (Frechkop, 1958) comprennent des spécimens de la Région (Bruxelles) et de ses environs (Groenendael). La base de données de l’IRSNB contient de nombreuses observations, provenant notamment de la Forêt de Soignes, d’Auderghem, du Rouge Cloître, de Boitsfort, du Bois de la Cambre, de Laeken, du Parc Tournay Solvay, de Watermael, en majorité indéterminées quant à l’appartenance à cette espèce ou à Myotis brandti, qui n’en est distingué que depuis 1970 (Kapteyn, 1995). La plupart sont des données d’hiver. Les observations de printemps, d’été ou d’automne, spécifiquement attribuées à Myotis mystacinus, se limitent au Rouge Cloître, à Laeken, au Parc Tournay-Solvay. L’espèce est aussi signalée du Moeraske (Moreels et al., 1991). Des murins de type mystacinus / brandti observés dans le cadre des prospections entamées en 1997, en Forêt de Soignes, dans le complexe Tournay-Solvay-Etang de Boitsfort, autour des étangs du complexe Seny-Ten Reuken, au Parc de Woluwe, au Parc des Sources, au Kauwberg, au Laerbeekbos, au Vuylbeek, aux Enfants Noyés, au Rouge-Cloître, au Bois de la Cambre, au Parc Roi Baudouin ont été attribués à Myotis mystacinus sur base du comportement de chasse à faible hauteur.
Carte de répartition en Région de Bruxelles-Capitale

Habitat
Myotis mystacinus fréquente principalement des milieux boisés dont il utilise pour la chasse les clairières, les chemins et les lisières. Il semble marquer une préférence pour les bois intégrés dans des paysages bocagers, y compris talus boisés, rangées d’arbres, bosquets, haies, jouxtant des jardins, des prairies; il chasse fréquemment au voisinage de l'eau, particulièrement des eaux courantes. (Schober et Grimmberger, 1991; Taake, 1992; Macdonald et Barrett, 1993; Kapteyn, 1995; Zingg et Burkhard, 1995; Lefevre, 1996; van der Coelen et Verheggen, 1997). Il semble utiliser particulièrement les allées forestières surplombées d'arbres, où il chasse souvent à très faible hauteur, les petites rivières en sous-bois, les berges surplombées par des branches (Barataud, 1993). Les distances entre lieu de gagnage et trous d’arbres ou bâtiments utilisés comme gîtes d’été n'excèdent souvent pas quelques centaines de mètres, et peuvent aller jusqu'à 2.5 km (Kapteyn, 1995).

Statut et tendances des populations
Les tendances de populations du Murin à moustaches en Europe occidentale sont relativement mal connues. Il paraît avoir subi une régression, comme la plupart des autres espèces de chauves-souris, et pourrait montrer actuellement les signes d'une certaine restauration (Kapteyn, 1995). Le suivi des populations hivernant dans le milieu souterrain en Wallonie, en Flandre et dans le sud des Pays-Bas, suggère en tout cas une stabilité ou une légère augmentation au cours des dernières années (Weinreich et Oude Voshaar, 1992; Criel et al., 1994; Fairon, 1996)

Statut juridique
Protection de l'espèce et de son habitat:
Annexe 2 de la Convention de Berne.
Annexe 2 de la Convention de Bonn, Accord relatif à la conservation des chauve-souris en Europe, adopté par le Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale le 25 avril 1996.
Ordonnance de l'Exécutif de la Région de Bruxelles-Capitale du 29 août 1991 relative à la conservation de la faune sauvage et à la chasse.
Protection de l'habitat:
Annexe 1 de la Directive 92/43/CEE "Faune-Flore-Habitat"(forêts, plans d'eau)
Projet LIFE-Nature LIFENAT/B/5167, "Aménagement des Zones Spéciales de Conservation en Région de Bruxelles-Capitale".

Menaces
Appauvrissement de l'entomofaune par la simplification des paysages, notamment bocagers, par l'emploi de pesticides ou d'engrais, surtout dans les zones périforestières ou bocagères. Pertes de gîtes dans les arbres creux. Dérangement des sites souterrains. Évolution de l'architecture réduisant la disponibilité de gîtes d'été.

Mesures de conservation
Gestion des espaces bocagers, préservation des bois et autres éléments ligneux intervenant dans leur composition. Gestion forestière préservant les gîtes et la diversité de l'entomofaune. Aménagement des sites souterrains. Gestion des combles. Gestion des plans d'eau préservant la production d'insectes volants.

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Pierre Devillers and Jean Devillers-Terschuren. 2001. Myotis mystacinus. An annotated list of the mammals of the Brussels Region. Appendix 3. Royal Belgian Institute of Natural Sciences website, www.naturalsciences.net/cb.