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ORGANISATION TECHNIQUE DE L’ÉVÉNEMENT
2005
Version
NL
L’opération a reposé sur deux piliers : ne pas déranger les
faucons durant ce moment délicat de la reproduction et permettre au public de
découvrir l’activité des faucons au nid, gratuitement, en temps réel et dans des
conditions d’observation accessibles à tous.
Une caméra miniature a été installée dans le nid des faucons afin de percevoir
chaque détail de la nidification sans pour autant déranger les oiseaux. Cette
caméra, étanche vu sa situation très exposée aux intempéries, est équipée d’un
système d’éclairage infra-rouge qui permet de disposer d’images, y compris la
nuit. A l’intérieur de la tour, à la hauteur du nid, le dispositif est ensuite
constitué d’un enregistreur numérique programmable de manière à conserver des
images à des fins didactiques mais également dans le but d’étudier l’écologie
urbaine de ce couple de faucons. Un moniteur permet d’effectuer sur place les
réglages nécessaires. Un système d’émission des images (émetteur et antenne) a
ensuite été installé au sommet de la tour afin de transmettre le signal, par
ondes, vers le parvis.
Un containeur habitable, ou préfabriqué, a été disposé sur un des emplacements
de parking du parvis et relié au secteur par un câble de 200 m connecté à une
borne extérieure sur laquelle a été installé un compteur spécifique. A
l’intérieur du préfabriqué, derrière la fenêtre située le long du trottoir, un
téléviseur, couplé à un module de réception du signal transmis depuis la tour,
propose en continu le film des évènements se déroulant dans le nid des faucons.
La caméra, l’enregistreur et le dispositif d’émission ont été installés le 25
mars. Le préfabriqué a été déposé sur le parvis le 1 avril.
Le système de
réception a été activé le 3 avril. L’événement à été inauguré par le Ministre-Président Charles Picqué
le 7 avril.
Le dispositif a été démonté le 1 juin, quelques jours après l’envol des jeunes
faucons.
 
© IRScNB/KBIN
RÉSULTATS DU COTÉ DES FAUCONS
Quelques jours seulement après l’inauguration, le 9 avril, le
premier petit faucon a percé la coquille de son œuf, rapidement suivi par ses
trois frères et sœurs. Au cours de la première semaine, les fauconneaux,
recouverts d’un épais duvet blanc, ont été quasi constamment protégés du froid
par la femelle, le mâle se chargeant de l’approvisionnement en nourriture. La
plupart des proies étaient des pigeons de ville. Mais on a également observé que
les faucons capturaient des espèces qui survolent Bruxelles en migration, à
haute altitude, comme le Pluvier argenté.
Au fur et à mesure de la croissance des jeunes, les deux parents ont intensifié
leurs chasses au dessus de Bruxelles, laissant souvent les jeunes seuls au nid.
Un comportement remarquable de capture a été observé à plusieurs reprises, y
compris par le public venu observer les jeunes : le mâle faucon montait haut
dans le ciel au dessus du centre de Bruxelles, tandis que la femelle partait se
poster au sommet de la flèche de l’Hôtel de Ville. Dès que le mâle repérait un
imprudent pigeon qui passait en vol au dessus de la Grand-Place, il plongeait
dessus, en piqué à près de 400 km/h. Le pigeon, habile, parvenait parfois à
esquiver l’attaque venue du ciel, mais se faisait alors surprendre par la
femelle qui avait synchronisé sa chasse avec la voltige de son partenaire.
Au fil des semaines, les poussins se sont emplumés et ont pris du poids, passant
d’une vingtaine de grammes à la naissance à plus de 800 gr. à l’envol. A partir
du 12 mai, les jeunes ont commencé à exercer leur voilure au cours de longues
séances de battements d’ailes, en équilibre instable sur un rebord de pierre.
Les jeunes faucons ont pris leur premier envol entre le 21 et le 24 mai. Les
conditions très venteuses du moment les ont contraints à plusieurs atterrissages
forcés sur le pavé bruxellois. C’est le lot des espèces nichant, tels les
Faucons pèlerins, à flanc de falaise, à grande hauteur. Dans la Nature, la
mortalité est souvent très importante au cours de cette partie du cycle de
reproduction. Mais ici, la vigilance du public et le dévouement des personnes
habilitées à secourir les oiseaux sauvages a permis de limiter l’incident pour
trois des jeunes. Le quatrième n’a pas survécu. C’est la sélection naturelle,
dure, mais essentielle aux équilibres biologiques.
 
© Images prises par la
caméra placée dans l'aire de nidification. IRScNB/KBIN
L’envol des jeunes : une période à hauts risques
La semaine du 15 mai, les 4 jeunes « bruxellois » ont passé beaucoup de temps
à exercer leurs ailes et c’est le 20 mai que les premiers prirent leur envol. Le
samedi 21, une des jeunes femelles, suite à une bourrasque de vent, s’est
perchée sur le toit d’un des containers qui se trouvent à gauche, sur le parvis.
Elle s’est laissée admirer pendant plus de 2 heures, puis à repris
maladroitement son envol et s’est précipitée directement dans les « pattes »
de Martine Wauters, bénévole dans un centre de revalidation pour la faune
sauvage. Baguée, par un spécialiste des faucons
pèlerins (Guy Robbrecht, du FIR), mesurée, « T3 »
fut alors remontée dans l’aire*. Un jeune mâle fut victime d’une collision : il
n’a pas survécu.
Grâce à la collaboration extraordinaire des gens sensibilisés depuis de longues
semaines , les 3 autres jeunes, visiblement sortis trop tôt du nid, ont pu être
récupérés, placés quelques jours dans des centres de revalidation (une des
jeunes femelles, T3, et le petit mâle ont été apportés chez Bird’s Bay, à la
Hulpe). Vendredi 27 mai, les 2 jeunes femelles ont été « remontées » tout en
haut de la tour gauche de la cathédrale. Il était impératif de les remettre avec
le couple afin qu’elles puissent apprendre à chasser par leurs propres moyens.
Il faut dire que les jeunes pèlerins ont besoin d’un long apprentissage avec
leurs parents pour maîtriser parfaitement leurs techniques de chasse.
© Marie-Odile Beudels. IRScNB.
Jeune à l'envol, posé sur un container, côté Banque Nationale

© COWB. Les pompiers aux secours des jeunes fauconneaux
Dès qu’elle fût relâchée, « T3 » s’est aussitôt envolée et s’est directement
fait intercepter par le mâle adulte. On les a ensuite revus, côte à côte, sur le
toit d’un building, non loin de la cathédrale. « T4 », soignée à Anderlecht, n’a
pas eu le même réflexe de fuite. Dimanche 29 mai, le couple et les 2 jeunes
femelles ont été aperçus aux alentours et sur les tours de la cathédrale. Le 30
mai, T4 a été retrouvée coincée dans un bâtiment et les pompiers l’ont ramenée
au centre d’Anderlecht. Le petit mâle, qui se trouvait alors au centre de
revalidation de Bird’s Bay,
a retrouvé les toits de Bruxelles, début juin.
Pour tous les jeunes oiseaux à l’envol, quels qu’ils soient, cette étape de leur
vie est cruciale et le cap difficile à passer.
* une bague est fixée à chaque patte: une bague métallique qui porte des
numéros gravés: c’est la carte d’identité de l’oiseau. L’autre est une bague
d’identification à distance. En Belgique, elle est en P.V.C. blanc avec chiffre
et lettre noirs.
RÉSULTATS AUPRÈS DU PUBLIC
: un incroyable succès
L’inauguration du 7 avril a été couverte par la presse télé (journal télévisé de
RTL et VRT) et écrite (La Dernière Heure et Het Nieuwsblad) ce qui a permis de
présenter l’événement au grand public.
Dès le lendemain, des dizaines de personnes sont venues voir les images de la
femelle qui, à ce moment, couvait encore ses 4 œufs. Au fil des jours, le nombre
de visiteurs à augmenté pour atteindre plusieurs centaines au cours des jours de
week-end. L’origine et la motivation des visiteurs a été très diverse : d’abord
voisins et employés des bureaux et administrations installés à proximité,
ensuite naturalistes et passionnés d’oiseaux prévenus par les réseaux internet,
puis familles et écoles de la Région. Mais la proximité de la gare centrale a
favorisé l’accès à l’évènement pour les non-bruxellois. Ainsi, nous avons
constaté le passage régulier de nombreux navetteurs qui faisaient le détour
quotidiennement par le parvis, mais également de visiteurs en provenance des 4
coins de la Belgique qui, informés par la presse, avaient décidé de passer une
journée à Bruxelles pour l’occasion. Les visiteurs questionnés étaient unanimes
: jamais ils n’auraient imaginé venir à Bruxelles pour observer un tel
spectacle.
On estime à plus de 7000 le nombre de personnes venues admirer les faucons
via
le dispositif mis en place. Les samedi, dimanche et mercredi après-midi et au
delà lorsque c’était possible, une permanence a été organisée sur le parvis. A
cette occasion, des ornithologues de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de
Belgique et de la Commission Ornithologique de Watermael-Boitsfort, ont répondu
aux questions du public. Ils ont également permis aux visiteurs d’observer les
faucons en vol grâce aux jumelles et télescopes mis à disposition.
D’autres médias ont couvert l’évènement au fil des semaines : RTBF (Journal
télévisé et Jardin extraordinaire) La Deux (Niouzz), Télé Bruxelles, TV Brussel,
Reuter TV, Radio Contact, RTL radio, La Libre Belgique, Le Soir, La Capitale.


© Marie-Odile Beudels. IRScNB
Sensibilisation et jeuneFaucon pèlerin à la sortie du nid, posé sur un
container, rue du Bois Sauvage
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